Transition écologique

La 3e génération de gaz vert au service de l’indépendance énergétique francilienne

Depuis 2020, une dynamique sans précédent s’est opérée pour le gaz vert en Île-de-France. 17 projets aidés ont vu le jour et, depuis, 2021, quatre projets sont en cours d’examen. Ainsi, les écosystèmes territoriaux devraient permettre de produire près de 2 TWh/an de gaz vert à l’horizon 2030, notamment avec l’émergence de la prochaine génération de gaz vert qui viendra compléter la méthanisation agricole déjà existante, rendant possible l’indépendance énergétique francilienne. C’est l’objet de la table ronde organisée ce mardi 28 juin dans le cadre du salon de l’Association des Maires d’Île-de-France (AMIF), qui se tient les 28 et 29 juin 2022 à Paris Expo Porte de Versailles (Hall 5.2 – 5.3).

Une dynamique nouvelle

Depuis 2006 et le premier projet francilien d’unité de méthanisation à Varennes-Jarcy, en Essonne, la dynamique de la méthanisation en Île-de-France ne s’est jamais démentie et connait un essor sans précédent sur les territoires franciliens. Aujourd’hui, 40 méthaniseurs produisent 0,7 TWh/an en Île-de-France, correspondant à l’équivalent de la consommation gaz de près de 125 000 logements et de 3 000 bus roulant au BioGNV, un carburant issu de la méthanisation et du gaz vert produit.

Depuis 2010, l’ADEME — Agence de la transition écologique — accompagne le développement de la production de gaz renouvelable en Île-de-France, territoire fertile à la méthanisation. Entre 2014 et 2019, ce sont plus de 30 projets qui ont été soutenus par l’ADEME à hauteur de 13,3 M€ et par la Région Île-de-France à hauteur de 32 M€, soit un rythme soutenu de cinq méthaniseurs par an. Parmi ces 30 projets en grande majorité agricoles et situés principalement en Seine-et-Marne, 25 injectent déjà du gaz vert directement dans le réseau de distribution de gaz, exploité par GRDF.

En complément de cette dynamique bien ancrée, il est nécessaire de développer dès aujourd’hui d’autres voies de production de gaz vert pour accélérer le verdissement du gaz naturel afin d’atteindre 100 % de gaz renouvelable et local d’ici à 2050

Dépasser le modèle du méthaniseur agricole

Ce constat, formulé par l’ADEME part de l’orientation qui consiste à considérer la méthanisation non pas comme un simple mode de production d’énergie renouvelable isolé, mais bien comme une mutualisation de procédés qui permettent tous de produire du gaz vert. Ces procédés sont inscrits dans une logique d’économie circulaire permettant, certes de bénéficier d’une énergie renouvelable produite par et pour les territoires, mais qui participe aussi à la valorisation de déchets ainsi qu’au bouclage de cycle organique au profit d’une amélioration de la qualité des sols sans apport d’éléments polluants. Dans ce cadre, il semble nécessaire de dépasser le modèle des méthaniseurs agricoles — basés sur une majorité de cultures intermédiaires complétée par la valorisation énergétique des déchets agroalimentaires — au profit d’une réponse au besoin d’exutoire pour les biodéchets alimentaires. Il existe une opportunité d’orienter la filière vers le traitement des biodéchets davantage urbains, nombreux en Île-de-France, qui ne sont pas encore valorisés dans les méthaniseurs agricoles.

Le gaz vert de troisième génération est déjà là

Dès 2018, l’étude « 100 % gaz renouvelable » publiée par l’ADEME et GRDF identifiait la pyrogazéification comme une voie complémentaire à la méthanisation. La pyrogazéification permet de transformer d’autres typologies de déchets en gaz de synthèse, biométhane et hydrogène, en les chauffant à 1 000 degrés en présence d’un faible taux d’oxygène. 

L’étude ADEME/GRDF sur la pyrogazéification et son potentiel francilien nous apprend qu’à l’horizon 2030, il existera entre 1,2 et 1,5 million de tonnes de déchets résiduels en Île-de-France pour lesquels il faudra identifier de nouveaux débouchés. L’Île-de-France dispose ainsi d’un gisement de déchets non valorisés sur son territoire qui pourrait venir contribuer localement à la transition énergétique francilienne. En fonction des scénarios, la production de méthane de synthèse issu de pyrogazéification à l’horizon 2030 pourrait représenter près de 2 TWh/an de gaz vert, confirmant ainsi la pertinence des objectifs régionaux retenus dans la Stratégie Énergie Climat en 2019.

Les dispositifs d’accompagnement de l’ADEME sur les projets de pyrogazéification s’appuieront notamment sur l’état de l’art de la filière, que nous avons publié en janvier 2022 et consultable dans notre rubrique Documentation.

• Pour en savoir plus, l’étude “Valorisation énergétique des déchets résiduels franciliens” est aussi consultable dans notre rubrique Documentation.