Transition écologique

Accélérer les énergies renouvelables sur l’Axe Seine

Le 3e Sommet de l’Axe Seine, organisé par Le journal du Grand Paris et Le journal de l’Axe Seine, s’est déroulé le 18 octobre dernier à Paris, au ministère de la Cohésion des territoires, en partenariat avec GRDF. La question de la transition environnementale de la vallée de la Seine y a occupé une place majeure. Et pour y répondre, l’essor des énergies renouvelables, vecteur de l’indépendance énergétique des territoires, devient une priorité. Le principal atout de ces énergies vertes produites localement ? Favoriser le développement économique de ce territoire tout en préservant ses atouts écologiques.

Les dynamiques à l’œuvre le long de l’Axe Seine (Le Havre — Rouen — Paris) sont nombreuses et font intervenir de multiples acteurs. Dans un contexte de prise de conscience générale du nécessaire développement des énergies renouvelables, Nathalie Lemaître (RTE), Florence Mourey (GRDF), Élisa Coeuru (TotalEnergies), Richard Curnier (Banque des Territoires Île-de-France) et Valérie Rai-Punsola (Normandie Énergies) ont exposé les enjeux liés à ce développement, lors d’une table ronde. Retour sur quelques temps forts de cette rencontre.

Des perspectives qui appellent une mobilisation générale

Quels scénarios énergétiques pour 2050 ? Nathalie Lemaître, déléguée régionale Île-de-France chez RTE, a tout d’abord présenté un panorama de plusieurs scénarios issus de l’étude Futurs énergétiques 2050 publiée en 2021. Cette étude présente plusieurs chemins vers la neutralité carbone du pays en passant par l’abandon des énergies fossiles et la réduction de 40 % de notre consommation d’énergie. Bien sûr, abandonner les énergies fossiles implique de trouver et de développer des énergies de substitution. Nathalie Lemaître rappelle que, selon le scénario médian, « la consommation d’électricité du pays augmentera d’au moins 35 % d’ici à 2050 ». Dans tous les scénarios, « il faut développer très fortement les énergies renouvelables pour remplir les objectifs fixés par la stratégie bas carbone du gouvernement », car le nouveau parc nucléaire ne répondra qu’à 50 % des besoins électriques d’ici à 2050. S’il ne s’agit que de projections, comme le précise Nathalie Lemaître, ce panorama met en évidence le constat suivant : « nous sommes encore très loin de ce qu’il faut pour atteindre la neutralité carbone du pays ; il y a urgence à se mobiliser ». 

Un état des lieux partagé par tous les intervenants : il est nécessaire d’accélérer la production d’énergies renouvelables décarbonées.

« Les énergies renouvelables sont complémentaires,
développons-les ! »

L’Axe Seine est particulièrement propice au développement des énergies renouvelables, soit sur le long de la Seine, soit sur la Seine elle-même. Florence Mourey, directrice territoriale Île-de-France chez GRDF, rappelle que le biométhane est une énergie renouvelable du présent. Sur l’Axe Seine, plusieurs projets sont « encore dans les tuyaux ou émergent pour un potentiel de 1,5 GWh d’ici à 2030 ».  Il est question de mobiliser les déchets biologiques locaux, notamment les boues des stations d’épuration : en effet, le gaz vert n’est pas produit qu’à partir de déchets agricoles.

Avec le gaz renouvelable produit localement, il est possible de créer du BioGNV, un biocarburant qui favorise la mobilité durable, terrestre et fluviale. « Vingt stations de BioGNV sont déjà en service le long de l’Axe Seine et desservent le transport routier. Demain, elles pourront aussi alimenter les bateaux. » Florence Mourey a mis en avant le projet GREEN DELIRIVER, une navette fluviale hybride qui fonctionnera à l’électricité et au BioGNV pour assurer un transport logistique fluvial propre. Ce projet est particulièrement emblématique de la transition énergétique de l’Axe Seine Paris-Le Havre puisqu’il assurera la livraison des marchandises jusqu’au cœur des centres urbains diminuant ainsi la pollution et le trafic routier. Le potentiel de réduction des polluants d’une telle innovation est exemplaire : – 90 % de CO2, – 98 % de NOx (oxydes d’azote) et – 98 % de particules fines. « D’autant plus que les gaz verts de nouvelle génération, par pyrogazéification et par méthanation, permettront la valorisation de nouveaux intrants comme le plastique. »

Nathalie Lemaître, déléguée régionale Île-de-France, RTE ; Florence Mourey, directrice territoriale Île-de-France, GRDF ; Élisa Coeuru, directrice régionale Île-de-France, TotalEnergies ; Jacques Paquier, directeur de la rédaction, Le journal du Grand Paris et animateur de la table ronde ; Richard Curnier, directeur régional Île-de-France, Banque des territoires – groupe Caisse des dépôts

Décarboner tous les transports le long de l’Axe Seine

Les mobilités représentent une partie très importante des émissions polluantes et la décarbonation des transports comme de l’ensemble de la chaîne logistique aura constitué le fil rouge des échanges. Le dispositif Fret Ferroviaire Axe Seine (FFAS) fait également partie de cette dynamique de décarbonation. Décarboner les aéroports d’Orly et de Roissy est également dans la ligne de mire.

Du déploiement des énergies alternatives en passant par l’avènement de l’hydrogène, et l’adaptation des motorisations des bateaux, nombreux sont les chantiers ouverts par les acteurs industriels, portuaires et institutionnels, a fortiori dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ainsi que dans la mise en œuvre progressive de la zone à faibles émissions (ZFE) sur le périmètre parisien.

Seulement, le développement des carburants verts le long de l’Axe Seine n’est possible que grâce au développement de la production locale de gaz vert et les projets de sites de méthanisation doivent être encouragés, souligne Florence Mourey, comme sur le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) où une unité de méthanisation va transformer en gaz vert jusqu’à 50 000 tonnes de déchets alimentaires par an et permettre, à terme, d’alimenter des stations de BioGNV.

Par ailleurs, Elisa Coeuru directrice régionale Île-de-France de TotalEnergies rejoint Florence Mourey et partage son enthousiasme quant à l’Axe Seine, qui possède un potentiel énorme pour les industries présentes et les différents acteurs. « Il nous faut apporter des solutions pour les aider à décarboner leur mobilité en distribuant dans nos stations du BioGNV et en développant des stations d’avitaillement électrique. »

Si tous les intervenants s’accordent sur le retard qu’accuse le développement des énergies renouvelables en France, ils convergent aussi au sujet de l’importance du mix des énergies renouvelables dans la marche vers la neutralité carbone. Comment accélérer l’essor des énergies renouvelables en faveur de l’indépendance énergétique ? D’une part, en privilégiant les circuits courts pour favoriser l’acceptabilité. D’autre part, en levant les réglementations contraignantes. À cet égard, le nouveau projet de loi d’accélération des énergies renouvelables est source d’importantes attentes. Enfin, il va être capital de faciliter le financement de ces projets en développant de nouveaux modèles économiques innovants.