Bien connu pour son approche pédagogique des sciences, Jamy s’est rendu sur l’exploitation de Jean-François Delaitre, président de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France (AAMF), à Ussy-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Son objectif : en savoir plus sur la production de gaz vert et expliquer dans une vidéo de 14 minutes le cycle du carbone, qui fait du biométhane une énergie au service de la transition énergétique.
Le biogaz pour remplacer les énergies fossiles
Comme le rappelle très justement Jamy, le gaz que nous utilisons, le gaz naturel, est une énergie fossile, un hydrocarbure non renouvelable dont l’extraction depuis les sols et l’exploitation sont génératrices d’émissions de CO2. De plus, ce même gaz dont nous profitons pour nous chauffer, pour cuisiner ou encore pour produire de l’électricité est soumis aux tensions géopolitiques. En effet, la Russie notamment, possède 25 % des réserves de gaz naturel mondiales sur son sol. Bref, le gaz demeurant une ressource énergétique dont nous avons besoin, il nous faut trouver une alternative favorable à notre indépendance énergétique et à nos objectifs environnementaux. C’est justement là que la production locale de gaz vert entre en scène.

Comment produire du gaz sans l’importer tout en respectant la planète ?
Le biogaz est produit grâce au processus de méthanisation. Ce procédé consiste à dégrader des déchets organiques grâce à des bactéries dans un système anaérobie, c’est-à-dire sans oxygène, jusqu’à obtenir du méthane et du dioxyde de carbone. Ce CO2 n’est pas formé directement par les bactéries. Il provient en réalité des déchets organiques qui, au cours de leur existence, captent et accumulent le CO2 sur leurs tissus. « L’idée, c’est donc de capter ce carbone sous forme de méthane », résume Jamy. Le principe du biogaz est alors d’aller « chercher sur les sols, plutôt que dans les sols, la matière première. » En effet, pour produire du biogaz, « on peut utiliser des affluents d’élevage, autrement dit des bouses de vache, des déchets de culture, la partie des végétaux que nous ne consommons pas, ou encore des cultures intermédiaires », mais aussi des déchets organiques issus de la restauration collective ou des ménages, complète Jean-François Delaitre.

Après transformation, les molécules de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) sont séparées pour obtenir un gaz vert inodore utilisable dans notre quotidien. L’odeur typique du gaz est ajoutée artificiellement pour éviter tout accident. Ainsi, pour nous chauffer ou cuisiner et même rouler avec du BioGNV, le biogaz remplace progressivement le gaz naturel.
Il serait faux de prétendre que la production de biogaz et son utilisation n’émettent pas de CO2. En revanche, ce dioxyde de carbone provient des déchets organiques utilisés dans le processus de méthanisation. Comme l’explique Jamy, « le carbone de l’atmosphère est capté sous forme de CO2 par une plante en pleine croissance. Elle l’utilise pour pousser. Lorsque vient la récolte, le carbone stocké dans sa tige et dans ses feuilles est récupéré pour former du biogaz. Ce dernier, au moment où il est brûlé, relargue alors le CO2 précédemment capté par la plante. Finalement, il n’y a pas d’introduction supplémentaire de CO2 dans l’atmosphère ». On fonctionne alors en circuit fermé.

Une production locale de gaz renouvelable aux multiples bénéfices
Refermer le circuit du CO2 n’est pas le seul avantage de la méthanisation. Les agriculteurs lui trouvent aussi un autre intérêt. En effet, le biogaz produit s’accompagne d’une matière nommée digestat qui peut être utilisée comme engrais naturel. Jean-François Delaitre explique qu’à ses yeux, « c’est une matière noble parce qu’elle va servir à nourrir le sol d’abord, nourrir les plantes derrière ; c’est une matière riche qui contient l’ensemble des éléments fertilisants classiques de l’agriculture, comme l’azote et le potassium, mais aussi des microéléments, des vitamines, de la matière organique, des fibres. Tout un tas de choses très variées pour nourrir les plantes ». Sur les 22 000 tonnes de matières organiques traitées dans le méthaniseur d’Ussy-sur-Marne, il reste environ 19 000 tonnes de digestat stockées à proximité des champs, pour être valorisées aux périodes les plus propices de l’année.
Agriculteur, producteur de méthane et aussi producteur d’intrants, Jean-François Delaitre souligne que ses trois casquettes permettent de « trouver un engrais de substitution organique et d’être indépendant ».
Si la production de biogaz représente actuellement environ 2 % de la consommation nationale de gaz, les gaz verts sont appelés à se développer fortement dans les prochaines années, l’objectif étant de bénéficier de 20 % de gaz renouvelable produit en France d’ici à 2030.
Rien ne se perd, tout se transforme. Voilà les conditions d’un gaz plus propre capable de nous aider à relever le défi de la transition environnementale.