Territoires

D’est en ouest, la dynamique soutenue du gaz vert en Île-de-France

La Région Île-de-France vise une production de biométhane de l’ordre de 5 TWh/an à l’horizon 2030. Cette ambition engage tous les territoires de la région puisqu’elle repose sur le développement de la méthanisation, un phénomène biologique de fermentation des matières organiques (déchets alimentaires de fruits et légumes, ordures ménagères, résidus agricoles) permettant de produire du gaz renouvelable. Récemment, la première rencontre francilienne de la méthanisation organisée par PROMETHA a été l’occasion de dresser un panorama du gaz vert en Île-de-France, donnant la parole aux représentants des départements déjà engagés dans la production de gaz vert.

Le site pionnier de la méthanisation en France, de Mauritz Quaak et de son frère Jacques-Pierre, installé à Chaumes-en-Brie (Seine-et-Marne).

Au cours de l’année 2022, ce sont 21 nouvelles unités de méthanisation qui ont été mises en service, témoignant du dynamisme régional. Le nombre d’installations en fonctionnement a en effet été multiplié par 5 en 10 ans et cette dynamique a été fortement portée par les unités agricoles en injection de biométhane dans les réseaux de gaz.

La méthanisation francilienne continue à se développer en grande couronne avec des capacités hétérogènes. En tête des départements méthaniseurs, la Seine-et-Marne qui compte 55 % des installations franciliennes, suivi des Yvelines et de l’Essonne qui représentent respectivement 21 % et 14 % des sites en fonctionnement.

Nombre d’installations en fonctionnement par département et par valorisation énergétique (2021)

67% des installations franciliennes valorisent le biogaz produit en injection de biométhane dans les réseaux de gaz et 33% le valorisent en chaleur et/ou en électricité.

Essentiellement agricole, la méthanisation utilise également des biodéchets pour les valoriser en gaz vert, favorisant ainsi l’économie circulaire des territoires puisque les déchets sont récupérés dans un rayon moyen de 8 kilomètres.

Mais si la filière a connu une nette progression entre 2016 et 2020, qui s’est accélérée très largement en 2021 et 2022, il existe peu de visibilité pour les années à venir, notamment après 2023, du fait d’une réglementation plus contraignante. Les projections établies anticipent tout de même une quarantaine de nouvelles unités mises en service à horizon 2025, dynamique à nouveau principalement portée par les unités agricoles en injection de biométhane dans les réseaux de gaz. La très grande majorité (72 %) de ces projets, en construction et à l’étude, seront localisés en Seine-et-Marne.

Ce tassement de l’évolution des unités de méthanisation franciliennes sur la période 2024-2025 est dû au nouveau contexte (renforcement de la règlementation ICPE – Installations Classées pour la Protection de l’Environnement –, impacts nouveaux tarifs, acceptabilité…) et accru par la crise internationale actuelle.

Évolution des unités de méthanisation franciliennes par mode de valorisation énergétique

Le nombre de projets et les capacités réservées positionnent l’Île-de-France au 3e rang des régions à injecter du biométhane (du gaz vert) dans les réseaux de gaz à l’échelle nationale. 

La Seine-et-Marne, 1er département de France en capacité installée et en nombre de sites !

La Seine-et-Marne, véritable locomotive de la filière francilienne, compte actuellement 40 méthaniseurs fonctionnels, complétés par deux rebours installés au nord du département. L’ensemble des sites injectent 780 GWh/an dans les réseaux de gaz.

Cette forte dynamique seine-et-marnaise est rendue possible par un volontarisme politique et par un territoire propice au développement de la méthanisation. « Le département représente quasiment 50 % de l’Île-de-France, et 58 % de cette surface est consacrée à l’agriculture. Ainsi, 53 % des sites de méthanisation sont des installations agricoles », détaille Jacques Place, directeur de l’Eau, de l’Environnement et de l’Agriculture au département de Seine-et-Marne. Ces unités agricoles sont principalement portées par des collectifs d’agriculteurs.

Dès juin 2020, le département s’est engagé à soutenir la filière biométhane par le biais de la charte CapMétha77 adossée à un plan d’action. Cette charte fixe deux objectifs pour 2030 : couvrir, avec une production locale, 75 % des besoins en gaz résidentiel par du biométhane et contribuer à une mobilité durable grâce au BioGNV. Cet objectif, qui équivaut à la production de 2,5 TWh/an, est aujourd’hui atteint à 30 %. Mais Jacques Place reste prudent : « Les objectifs fixés à 2030 paraissent compliqués à tenir avec la rupture de la dynamique constatée en 2021 et 2022, due notamment au renforcement de la réglementation. Nous travaillons à la relancer en menant un travail prospectif avec GRDF sur certains secteurs de la Seine-et-Marne pour mettre en évidence les lieux propices et à potentiel. »

En Essonne, un potentiel à convertir

L’objectif national de production d’énergie renouvelable est fixé à 33 % d’ici à 2030. En Essonne, « nous souhaitons y prendre notre part, explique Nicolas Meary, conseiller départemental en charge de la biodiversité et de la transition écologique. Mais actuellement, la production d’énergie renouvelable au niveau départemental ne s’établit qu’à 6 %. Pourtant, un réel potentiel de production existe. L’Essonne possède en effet le deuxième plus grand potentiel après la Seine-et-Marne (…), il faut aller dix fois plus vite pour espérer qu’à terme la méthanisation représente 20 % de toute la production d’énergie verte du territoire. »

Mais se pose souvent la question de l’acceptabilité. Un point crucial qui peut parfois contraindre certains projets à ne jamais voir le jour. « Nous avons enregistré un échec sur l’une de nos communes car l’opposition locale était très forte. Ce projet, qui avait du sens, n’a pas pu se faire car la question de l’acceptabilité n’a pas été suffisamment traitée », regrette Nicolas Meary.

L’essentielle question de l’acceptabilité dans les territoires du Parc Naturel Régional du Vexin

La question de l’acceptabilité est aussi un enjeu important dans les départements du Val d’Oise et des Yvelines, en particulier sur le territoire classé du Parc Naturel Régional du Vexin français qui représente un potentiel de production de 270 GWh/an. Pourtant plusieurs projets ont émergé grâce à la concertation. Des actions sont menées, notamment sur le terrain avec la visite de sites en compagnie d’élus. Des réunions de sensibilisation sont également organisées pour présenter les projets aux partenaires et à la population. « Il faut créer des espaces de discussion pour améliorer l’acceptabilité des habitants car il n’est pas possible de s’en passer », souligne Benjamin Demailly, président du Parc Naturel Régional du Vexin français.


Le gaz vert fait sa pub en Seine-et-Marne !

Demain, le gaz naturel sera du gaz vert et il faut le faire savoir au plus grand nombre ! C’est l’objectif de la campagne d’affichage et presse en cours, co-brandée avec le Département de Seine-et-Marne. Elle vise principalement à développer la notoriété des gaz verts et la mobilité durable au GNV/BioGNV dans le département : une campagne pour toucher le grand public, valoriser les agriculteurs et soutenir les acteurs de la filière méthanisation.

Ces actions publicitaires dans les médias locaux et en affichage ciblent 2 zones en particulier : la Communauté d’Agglomération Melun Val de Seine située à 20 km au sud de Paris, et la Communauté d’Agglomération Paris Vallée de la Marne, porte d’entrée de la métropole capitale.