Transition écologique

Bienvenue aux gaz verts 3.0

Au terme du Salon de l'Association des Maires d'Île-de-France 2022 et à la suite de son intervention à la table ronde du 28 juin dernier intitulée « GAZ 3.0 : la prochaine génération de gaz verts au service de l’indépendance énergétique francilienne », David Le Noc, délégué général du club Power-to-Gas de l’Association Technique de l’Énergie et de l’Environnement (ATEE), revient pour nous sur les perspectives qu’offrent les prochaines générations de gaz vert.
Pouvez-vous nous présenter l’ATEE et son club Power-to-Gas ?

L’ATEE a pour vocation de promouvoir la maîtrise de l’énergie et de contribuer à la réduction des gaz à effet de serre sur des bases techniques. Elle est organisée en 7 clubs, dont le club Power-to-Gas. Son objectif : développer une filière industrielle autour de cette nouvelle génération de gaz renouvelables. À partir des surplus d’électricité d’origine renouvelable — éolien et photovoltaïque — l’électricité est transformée par électrolyse de l’eau et valorisée sous forme de méthane ou d’hydrogène. C’est le principe du power-to-gas.

Pouvez-vous décrire ces gaz verts 3.0 ?

La pyrogazéification valorise par pyrolyse des déchets secs comme les résidus de bois et les combustibles solides de récupération (CSR). Comme la méthanisation, elle consiste à valoriser de la biomasse en gaz. De son côté, la méthanation consiste également à produire du méthane mais grâce à la combinaison d’hydrogène, produit par électrolyse de l’eau, et de dioxyde de carbone. C’est du gaz de synthèse qui est ainsi fabriqué mais il s’agit de la même molécule de méthane, le CH4.

Quels sont les enjeux de leur émergence ?

Au-delà de la décarbonation des usages du gaz, le développement de ces nouveaux gaz apporte des solutions à deux enjeux majeurs. D’une part, développer une alternative pour les déchets incinérés ou mal valorisés. C’est l’objectif de la pyrogazéification. De l’autre, faire le pont entre gaz et électricité afin de résoudre le problème d’intégration des énergies électriques renouvelables dans un système énergétique. C’est ce à quoi le power-to-gas répond : convertir de l’électricité renouvelable et bas carbone en gaz, contribuant ainsi à la décarbonation des usages du gaz et à la flexibilité des systèmes électriques. Par exemple, lorsqu’il y aura un surplus de production d’électricité photovoltaïque en été, on pourra le stocker sous forme de gaz.

Ces nouvelles filières sont à des stades de développement similaires : elles ont démontré leur faisabilité technique, mais cherchent encore une rentabilité et un modèle économique robuste. Une vingtaine de projets sont en train d’obtenir une dérogation technique de la part de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour pouvoir injecter dans les réseaux de gaz. En associant ces filières avec la méthanisation, on pourrait disposer d’un gaz 100 % vert d’ici à 2050.

Comment faire sortir des écosystèmes territoriaux autour de ces nouvelles générations ?

Il y a un enjeu réglementaire indispensable : définir ces gaz verts. Ils n’ont en effet pas de définition dans la réglementation actuelle. Exemple : le méthane de synthèse n’est décrit dans aucun texte de loi. Par ailleurs, ces filières ayant des coûts de production supérieurs à ceux des énergies fossiles, les territoires doivent créer un écosystème favorable. À Pau, la communauté d’agglomération a décidé de valoriser le CO2 issu de la méthanisation en station d’épuration en installant une unité de méthanation. D’autres projets de ce type ont émergé à Toulouse et à Perpignan mais aussi en Île-de-France avec le SIAH à Bonneuil-en-France ou encore à travers le SIAAP, partenaire du CEA pour la mise en place d’une filière méthanation. L’Île-de-France étant peu agricole, le potentiel de production de biométhane pourrait y être vite atteint. Dès lors, de par sa densité urbaine, elle pourrait être en pointe sur la valorisation en gaz renouvelable de ces nouvelles sources d’énergie.


Les filières de production de gaz verts : une valorisation complémentaire d’intrants pour décarboner le réseau et usages gaz
©ATEE, Club Power-to-Gas