C’est l’objectif du Guide d’insertion paysagère des unités de méthanisations agricoles, élaboré par des experts, les partenaires de CapMétha77 et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Seine-et-Marne (CAUE77). À destination des porteurs de projet, ce guide (disponible en téléchargement ici) est conçu pour les accompagner dans la maîtrise de l’insertion des méthaniseurs dans les milieux agricoles.
L’acceptabilité des projets est une notion clé pour tout projet intervenant sur l’espace public. Comme d’autres énergies renouvelables, les éoliennes notamment, l’installation d’un méthaniseur agricole engendre parfois des réactions négatives de la part des riverains. Grégorie Dutertre le concède, ces installations ont « une allure industrielle ». Le guide a justement pour vocation de développer une méthanisation agricole intégrée au paysage local et de favoriser l’insertion paysagère et environnementale des méthaniseurs à travers des conseils pratiques capables de renouveler le regard porté sur ces nouveaux éléments agricoles. Objectifs : aider à créer une harmonie visuelle pour gêner le moins possible les riverains et faciliter ainsi l’acceptabilité des nouveaux projets.
Une insertion à plusieurs échelles
Pour un porteur de projet, le coût du développement d’une unité de méthanisation agricole se concentre sur l’installation. D’autant plus que dans les terres agricoles seine-et-marnaises, l’élément le plus haut est très souvent un arbre. Autrement dit, l’horizon est dégagé et il est tout à fait possible de voir à plus de 15 kilomètres de distance. Aussi, il est nécessaire de trouver des solutions simples pour assurer une insertion paysagère qui rassure les riverains et protège les paysages. « Sur le plan architectural, les marges de manœuvre sont très faibles : pour une installation de plusieurs milliers de mètres carrés, il est seulement possible de favoriser tel coloris plutôt qu’un autre ou de laisser une perspective ouverte sur un élément de paysage », explique Grégorie Dutertre. Elle poursuit en expliquant qu’il faut davantage travailler sur les plantations autour de l’unité de méthanisation en favorisant les bosquets plutôt que les buttes pour gagner en discrétion. Ainsi, « il faut planter des arbustes et des arbres, caduques de préférences en Seine-et-Marne car les arbres y perdent leurs feuilles en automne ». Un réflexe simple, mais qui a été perdu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, complète Grégorie Dutertre.
Ce guide définit trois échelles sur lesquelles il faut réfléchir, en amont de chaque projet :
- À l’échelle territoriale, de la commune, de l’intercommunalité ou de l’agglomération, le choix du terrain doit posséder une dimension pédagogique ;
- À l’échelle du paysage agricole, il faut réfléchir en termes de regards. D’où verra-t-on l’unité de méthanisation à pied, en voiture ou à vélo et depuis les habitations ? Il faut donc envisager les plantations à faire pour chaque regard ;
- À l’échelle de la parcelle qu’occupe l’unité de méthanisation. Planter des arbres et des arbustes favorise la qualité de vie des salariés et des visiteurs. D’autant plus que cela permet d’ancrer l’unité de méthanisation dans un écosystème local.
Pour Grégorie Dutertre, « le guide d’insertion paysagère propose de fondre les unités de méthanisation agricole dans leur environnement pour les rendre discrètes, certes, mais aussi pour qu’elles deviennent des relais entre les masses boisées dans les champs. Elles serviraient alors aux différentes espèces animales de faire des sauts de puce entre les lieux de biodiversité. Une façon de faire contribuer l’installation à la biodiversité agricole ». Pour ce faire, le CAUE77 a établi une palette végétale et une liste de recommandations. Grégorie Dutertre rappelle que des équipes peuvent être consultées pour aider à choisir les couleurs, pour minimiser les zones enrobées et pour limiter les zones de livraison qui sont imperméabilisées. Des recommandations qui, à condition d’être adaptées aux spécificités de chaque territoire (espèces végétales en présence notamment), peuvent être transposées sur tous les territoires agricoles. Il faut seulement être patient et laisser le temps aux arbres de se développer en favorisant les végétaux de petite taille pour qu’ils puissent s’enraciner correctement.
Faire appel à des paysagistes concepteurs
Pour œuvrer à l’insertion paysagère des unités de méthanisation agricole, Grégorie Dutertre rappelle que le CAEU77 a souhaité faire connaître ces projets à des paysagistes-concepteurs pour qu’ils puissent devenir des collaborateurs utiles aux porteurs de projet et aux ingénieurs. En effet, le CAEU77 avait lancé un appel contribution début 2020. « Nous nous sommes rendu compte qu’il existait une compétence spécifique et nous travaillons avec trois paysagistes-concepteurs retenus à la suite d’un appel à projets pour montrer la diversité des approches qui peuvent enrichir ces installations », confie-t-elle. Ainsi le CAEU77 organise des formations pour que les paysages-concepteurs deviennent des partenaires aguerris de long cours pour l’insertion paysagère des unités de méthanisation.
En un mot, Grégorie Dutertre conclut qu’en « travaillant à partir des motifs de paysages que nous avons et, si nous faisons attention au lieu d’implantation, rien n’empêche alors de rendre compatibles les unités de méthanisation, et donc la création d’une énergie renouvelable qui assurera 75 % des besoins résidentiels en Seine-et-Marne d’ici 2030, avec nos paysages agricoles ». En somme, rien n’empêche de préserver l’environnement et nos paysages agricoles et les sites de méthanisation doivent en être partie intégrante.