Agriculteur à Ussy-sur-Marne, en Seine-et-Marne depuis plus de 20 ans et président de l’AAMF depuis fin 2020, Jean-François Delaitre a notamment abordé la question de la résilience économique apportée par les méthaniseurs intégrés aux exploitations agricoles et la problématique des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE).
« Les CIVE sont l’avenir de la méthanisation agricole »
Il y a une dizaine d’années, la méthanisation concernait surtout la valorisation des déchets et des effluents d’élevage et le sujet des CIVE était un sujet nouveau, mal compris et c’est encore le cas aujourd’hui. Et si l’intérêt porté à la méthanisation demande une adaptation et une transition du système d’exploitation agricole, dès le début de l’aventure, « nous étions confiants dans la capacité à produire de la matière verte sur les sols agricoles franciliens », retrace Jean-François Delaitre. « Cela nécessitait davantage de moyens humains et de moyens mécaniques ou techniques, mais surtout d’apprendre et de se former soi-même, en amont du projet », souligne cet agriculteur-méthaniseur qui s’est lancé dans la méthanisation dès 2012 et exploite le site O’Terres Énergies à Ussy-sur-Marne (Seine-et-Marne), un des premiers sites de méthanisation agricole injectant du gaz vert dans le réseau exploité par GRDF.

Jean-François Delaitre
Président de l’association régionale Énergies Vertes Franciliennes et de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France (AAMF),
Aujourd’hui, les CIVE constituent la base de l’alimentation des méthaniseurs — entre 30 et 50 % de la ration — et encore davantage demain. Pour Jean-François Delaitre, ces cultures intermédiaires qui s’intercalent entre deux cultures principales sont devenues le sujet principal pour le pilotage d’un méthaniseur agricole. Tout le monde s’intéresse à ce sujet désormais et « nous, les agriculteurs, avons besoin d’expérimentation fondamentale mais aussi de vulgarisation avec des ingénieurs pour nous aider à piloter les CIVE sur chaque exploitation, à identifier, à comprendre le meilleur système », précise Jean-François Delaitre. En effet, il n’existe pas de profession de foi des CIVE ou bien de fiche technique exacte encore aujourd’hui. Les espèces évoluent, le climat aussi et il est encore nécessaire « de trouver un équilibre entre produire de l’énergie tout en respectant le bilan climatique et l’impact sur la culture alimentaire ».
Si les CIVE demeurent une « vraie révolution » pour les fermes qui les porte, ce sujet est encore en cours de maitrise, et il reste encore à définir précisément les bonnes pratiques, notamment techniques. « Il est important, dans la crise actuelle, que le sujet des CIVE continue d’être porté au niveau régional, car les agriculteurs-méthaniseurs doivent continuer d’assumer leur engagement dans la méthanisation, et cela passera forcément par la production des CIVE au niveau attendu », ajoute Jean-François Delaitre. D’autant plus que « les CIVE sont l’avenir de la méthanisation », poursuit-il. D’où l’urgence à développer des garde-fous et de bonnes pratiques de production selon lui.
Comment communiquer, comment défendre, comment porter simplement le sujet des CIVE demain ? Un enjeu fondamental pour continuer à développer la méthanisation agricole, ses performances et la production d’énergie renouvelable.
Découvrez la totalité des échanges de la table ronde sur la méthanisation comme levier de diversification pour faire évoluer les systèmes d’exploitation agricole :
(*) Énergies Vertes Franciliennes est une association régionale née au printemps 2020 sous l’impulsion de méthaniseurs agricoles du territoire francilien qui a pour objet d’accompagner et de représenter les producteurs d’énergie renouvelable qui s’engagent dans les différentes transitions énergétiques, climatiques, sociétales que nous vivons. Les adhérents méthaniseurs agricoles de cette association sont aussi membres de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France (AAMF), dans la volonté d’accompagner le développement de cette filière pour en assurer la pérennité.