Produire de l’énergie verte à partir des déchets alimentaires ? Dans les Yvelines, c’est déjà une réalité. Une réalité bien tangible puisque le gaz vert produit à partir de ces biodéchets fournit déjà l’équivalent de 4 000 foyers. Et ce n’est qu’un début. Une première installation a vu le jour à Carrières-sous-Poissy, grâce au partenariat étroit entre le Syndicat intercommunal Valoseine et Tryon, start-up francilienne spécialisée dans la micro-méthanisation locale et modulaire pour valoriser les biodéchets alimentaires. Engagé dans la valorisation énergétique, face à l’obligation de trier à la source l’intégralité des biodéchets avant 2025, Valoseine a souhaité soutenir la solution de méthanisation développé par Tryon en mettant à disposition 2 500 m2 de terrain sur le site de l’usine Azalys à Carrières-sous-Poissy. C’est à cet endroit que s’est implantée l’unité Modul’O Yvelines.
Le principe ? « Sur un périmètre relativement restreint, cette unité de micro-méthanisation est capable de produire et de traiter du gaz vert, puis de l’injecter dans le réseau de distribution de gaz », explique Jean-Luc Gris, président de Valoseine et vice-président Gestion des Déchets de la Communauté Urbaine du Grand Paris Seine & Oise (propos recueillis avant le 8 mai 2022, lire notre encadré).
Ce processus se réalise en plusieurs étapes.

Des points de collecte dans les cantines scolaires
Tout d’abord, la collecte des déchets alimentaires. Tryon est partenaire d’établissements scolaires des Yvelines, qui mettent à sa disposition les déchets issus des cantines. « Tryon nous a fourni des bacs de collecte, que l’entreprise vient relever très régulièrement, souligne Justine Guesdon, responsable du service C’Midy au collège Saint-Exupéry d’Andrésy. Depuis trois ans que nous collaborons avec eux, 23,6 tonnes ont été collectées depuis le collège. De plus, Tryon nous sensibilise au tri des déchets, ce qui nous permet d’adapter nos menus et de réduire au maximum notre production de biodéchets. C’est vraiment une gestion vertueuse des déchets qui profite à tous. »
Après la fermentation, épuration du biogaz et injection dans le réseau de distribution de gaz
Une fois collectés, les déchets alimentaires sont acheminés sur le site de Modul’O Yvelines. Ils sont tout d’abord introduits dans des réacteurs. Ils y sont maintenus à 35 °C, ce qui permet de développer des bactéries qui viennent consommer la matière organique des déchets. « Cette fermentation permet d’obtenir du biogaz, qui est ensuite épuré afin de se transformer en biométhane, qui est ensuite injecté dans le réseau de distribution gaz via un poste GRDF », souligne Florent Huet, responsable technique de Tryon. Les matières fertilisantes issus de ce processus (les digestats) sont ensuite utilisées en épandage par les partenaires agriculteurs du site à Ecquevilly (à moins de 15 km de Carrières-sous-Poissy) afin d’améliorer les rendements des sols agricoles. Les digestats constituent une vraie alternative aux engrais minéraux qui sont souvent de lointaine provenance.
Tout se passe dans un rayon inférieur à 20 km
« Aujourd’hui, nous collectons et valorisons tout type de déchet alimentaire, confie Sébastien Gacougnolle, co-fondateur de Tryon : restes de repas, épluchures, invendus, produits périmés, etc. Nous sommes implantés à proximité des zones urbaines, ce qui permet de réduire la logistique de collecte. Depuis le tri sélectif jusqu’au retour au sol pour les digestats, tout se passe dans un rayon inférieur à 20 km. Ce schéma global permet d’économiser 1 000 tonnes de CO2 par an. » De son côté, Jean-Luc Gris se félicite que « Tryon soit une structure à l’écoute et en capacité d’adapter le traitement des déchets suivant les volumes ». Le président de Valoseine confie que cette solution de recyclage et de revalorisation des déchets alimentaires en énergie gaz et en engrais, a amené le Syndicat intercommunal à considérer « d’un œil bienveillant l’installation de cette unité de micro-méthanisation ».
Pour en savoir plus
Hommage à Jean-Luc Gris
C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès brutal de Monsieur Jean-Luc Gris survenu dans la nuit du 7 au 8 mai dernier. Les équipes territoriales Île-de-France Ouest de GRDF présentent ses plus sincères condoléances à ses proches, aux habitants de Gaillon-sur-Montcient, dont il était le maire depuis 2008, et aux élus de la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPS&O), dont il était le vice-président délégué à la gestion des déchets depuis 2016. Jean-Luc Gris était un élu très apprécié, dévoué et engagé pour le territoire yvelinois, aimé de tous ceux qui ont eu la chance de collaborer, d’échanger avec lui, de développer des projets à ses côtés. Il avait à cœur de faire émerger et de faire avancer des projets innovants comme le développement de la méthanisation sur le site de la STEP des Mureaux, la première en Île-de-France à produire du gaz vert à partir des eaux usées et à injecter dans le réseau de distribution de gaz exploité par GRDF, de soutenir et d’accompagner le projet Modul’O Yvelines, premier site de micro-méthanisation qui collecte les biodéchets des cantines des collèges du département pour produire du gaz vert (lire l’article ci-dessus).

Source : GPS&O