Ils étaient nombreux à faire le déplacement : exploitants et porteurs de projets de méthanisation, collectivités, bureaux d’études, constructeurs, institutionnels, associations, universitaires… Au total, 180 participants franciliens impliqués dans l’essor durable de la filière méthanisation ont répondu présents à cette première édition. Pour Valérie Lacroute, qui a introduit cette journée, « cela prouve que la méthanisation est un sujet qui intéresse, qui rassemble des acteurs de tout horizon : le public, le privé, le monde industriel, le monde des déchets, le monde agricole. » Et pour cause, les enjeux sont cruciaux pour l’avenir énergétique de la France et la préservation de la planète.

Valérie Lacroute
Vice-présidente du Conseil régional d’Île-de-France, chargée de l’Agriculture et de l’Alimentation
La méthanisation, une question d’indépendance et de souveraineté énergétique
Avec une envolée du prix du gaz, l’année écoulée a démontré à quel point l’indépendance énergétique était un sujet d’ampleur et de préoccupation pour la France et ses territoires. La nécessité à recourir à des gaz renouvelables 100 % « Made in France » et à accélérer la transition écologique rappellent aussi l’urgence de recouvrer une souveraineté énergétique en adéquation avec les exigences climatiques, comme en témoigne le sénateur de la Seine-et-Marne, Pierre Cuypers dans le rapport d’information qu’il a présidé au Sénat « Méthanisations : au-delà des controverses, quelles perspectives ? » (dont la synthèse est disponible sur le site du Sénat) : « J’ai souhaité mener cette mission d’information pour le développement de la méthanisation parce que c’est un sujet d’actualité. C’est un sujet qui concerne les collectivités, la vie de chacun de nos concitoyens (…). Sur le fond, l’orientation générale du rapport est de défendre la poursuite d’un développement raisonné de la méthanisation. Ce même développement permet également de renforcer opportunément notre souveraineté : souveraineté énergétique bien sûr, mais aussi souveraineté économique alors que nous dépendons grandement de nos importations. » Et Pierre Cuypers de poursuivre : « Nous dépendons du gaz des autres, il est important de se rendre moins dépendants du reste du monde et d’être moins vulnérables par rapport à nos approvisionnements énergétiques (…) Quasiment 100 % du gaz fossile consommé en France est importé : dès lors, la production de biogaz permet d’améliorer notre balance commerciale. » Un point de vue partagé par Valérie Lacroute : « La guerre en Ukraine nous rappelle effectivement ces sujets d’autonomie énergétique (…) La production de biométhane et de méthane de synthèse constitue l’un des leviers de l’autonomie énergétique du territoire (…) C’est un véritable enjeu pour la Région Île-de-France. »

Pierre Cuypers
Sénateur de la Seine-et-Marne
Le biométhane : un enjeu essentiel pour l’Île-de-France
La Région Île-de-France est pleinement engagée dans la transition écologique de son territoire. Elle s’est d’ailleurs fixé un objectif ambitieux : produire entre 4 et 5 TWh de biométhane par an d’ici à 2030, soit une multiplication par six de la production de gaz vert par rapport à aujourd’hui, en soutien au développement de l’énergie renouvelable, devenue l’un des piliers de la Stratégie Énergie Climat de la Région Île-de-France. Pour Valérie Lacroute, « la méthanisation est une réponse aux besoins des territoires en termes de solutions de traitement de leurs sous-produits organiques — on parle des boues d’épuration et des biodéchets — puisque la loi nous imposera, au 1ᵉʳ janvier 2024, de collecter et de traiter ces biodéchets. Pour les collectivités, l’enjeu est important ». Et la vice-présidente de préciser que la méthanisation est aussi « un outil de diversification et de transformation du monde agricole. C’est un moyen pour eux d’augmenter la valeur ajoutée de leurs exploitations et d’avoir des revenus supplémentaires ».
Mais poursuivre cette dynamique suppose d’informer, d’accompagner et de faire monter en compétences le cas échéant les différents acteurs. C’est justement l’un des axes du Plan Méthanisation mis en place en novembre 2019 au niveau régional pour relever le défi du biogaz en Île-de-France : « Déployer une animation territoriale et structurer une offre d’accompagnement technique des porteurs du projet : c’est [l’objet de] notre fameux cercle Prométha », indique Valérie Lacroute avant d’ajouter : « La méthanisation est un vecteur d’emplois important. Il est donc déterminant de former tous les personnels amenés à travailler sur les sites et les activités connexes, qu’il s’agisse de la construction des méthaniseurs, de la maintenance des installations, des activités agricoles qui vont pour certaines alimenter des méthaniseurs. » Et Pierre Cuypers de compléter : « Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) estime que la filière a généré 860 millions de chiffre d’affaires et 10 300 emplois en 2019. L’atteinte des objectifs énergétiques de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie induirait 2,1 milliards de valeur ajoutée et 26 500 emplois d’ici à 2028. »

Renforcer l’information pour améliorer l’acceptabilité de la méthanisation
« Nous devons faire des efforts de communication et convaincre. C’est pour cela que j’ai fait ce rapport », explique Pierre Cuypers. En effet, qu’il s’agisse de la collecte des biodéchets ou bien de l’essor de la méthanisation, il est nécessaire de développer la communication auprès du grand public, des professionnels et des élus pour diffuser une connaissance minimale générale. Ainsi, plusieurs chantiers de communication ont déjà vu le jour sous l’égide du collectif PROMÉTHA.
Parmi eux, l’élaboration régulière d’un état des lieux des installations franciliennes de méthanisation et d’un guide à destination des porteurs de projets de méthanisation pour les accompagner sur la manière de conduire une bonne concertation. L’instance stratégique a également travaillé sur un guide d’insertion paysagère des unités de méthanisation porté par le Conseil départemental de Seine-et-Marne. « Le sujet de l’insertion paysagère des sites de méthanisation est un sujet éminemment important et sensible qui a parfois, sur les premières installations, était sous-estimé. Or, c’est un point essentiel pour que les habitants s’approprient ces projets », insiste Valérie Larcroute.
Sur le terrain aussi, les membres de PROMÉTHA agissent pour faciliter la (re)connaissance de la méthanisation. Dernier exemple en date, un parcours de visites a été organisé en juin dernier sur différents sites dans les Yvelines, la Seine-Saint-Denis le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne permettant à de nombreux élus et acteurs de la filière d’échanger avec les exploitants et de découvrir des solutions techniques opérationnelles de traitement et valorisation de biodéchets en Île-de-France.



La journée du 25 novembre aura tenu toutes ses promesses : rassembler le collectif et offrir un espace d’échanges à l’ensemble des acteurs présents pour faire progresser la dynamique régionale de la méthanisation. Pour Valérie Lacroute, cette première rencontre organisée par PROMÉTHA a permis de « rassembler les acteurs pour que chacun apporte sa pierre à l’édifice, de favoriser le dialogue, les échanges et aussi d’analyser comment poursuivre le développement de la filière. Merci à l’ensemble des partenaires qui nous accompagnent dans cette aventure, que ce soit l’AREC* qui anime le dispositif solidaire, l’État, l’Ademe qui est effectivement un partenaire historique de la région. Et puis les opérateurs de réseaux, que ce soit GRDF, GRTgaz, la chambre d’agriculture, et les départements qui sont aussi très actifs sur ce sujet, tout particulièrement la Seine-et-Marne et l’Essonne. »
(*) L’AREC îdF : Agence régionale énergie climat d’Île-de-France.
• Retrouvez les temps forts de la 1re rencontre francilienne de la méthanisation