Son credo ? « Ce qui vient de la terre doit retourner à la terre ». Implication logique ? Rouler au gaz naturel pour véhicule (GNV). Avec un enthousiasme communicatif et une bonne dose de pragmatisme, le président fondateur de Moulinot nous explique cette drôle d’équation.

Que fait l’entreprise Moulinot ?
Avec Moulinot, nous aidons les restaurateurs et les collectivités territoriales à entrer dans l’économie circulaire. En premier lieu, nous mettons en place le tri à la source pour isoler les déchets alimentaires. Cela passe par de la signalétique simple, du matériel (poubelle, sacs transparents…) et de la formation. Ensuite, nous collectons ces biodéchets. Enfin, nous les valorisons. Une partie est livrée à des méthaniseurs qui les transforment en biogaz qui sera injecté dans le réseau de gaz. Une autre partie est mélangée à des déchets verts dans notre plateforme de compostage « haute couture », affinée par nos vers de terre, pour devenir un engrais de qualité que nous fournissons aux agriculteurs maraîchers, qui l’utilisent donc pour produire de bons légumes, qui seront cuisinés par les restaurateurs et dont les restes seront collectés par nos soins. C’est le principe même de l’économie circulaire. Toutes ces opérations nécessitent beaucoup de transports : j’ai opté naturellement, dès le début de l’aventure, pour une flotte de 25 camions écologiques qui roulent au GNV.
Parce que c’était le choix le plus écologique ?
Bien sûr. Les camions roulant au GNV sont plus silencieux et rejettent moins de dioxyde de carbone dans l’air. C’est également un choix économique, car c’est moins cher. C’est aussi un exemple parfait de ce que nous faisons chez Moulinot.
C’est donc aussi une question de valeurs ?
Oui, mais c’est surtout une question de bon sens ! Pour moi, les déchets alimentaires ne sont pas des déchets, mais de la matière première. Demain, la méthanisation des restes alimentaires servira de base pour le carburant de nos camions. Nous n’irons pas puiser dans des ressources naturelles, nous créerons nous-mêmes la ressource, en économie circulaire. En termes d’écologie, je trouve qu’il n’y a pas mieux. Dès 2014, j’ai anticipé en me disant que je déchargerai mes restes alimentaires en même temps que je ferai le plein ! Lorsque nous formons les restaurateurs au tri, nous leur expliquons comment nous valorisons les déchets. Ils sont très sensibles à tous ces débouchés : carburant, production de gaz dans leurs cuisines, engrais pour produire des légumes sains… Tout ça est parfaitement cohérent. Nous utilisons également ces camions pour œuvrer à la réinsertion sociale. Avec, nous formons des personnes éloignées de l’emploi à un nouveau métier : collecteur-valorisateur de biodéchets. Toutes les stations ne proposent pas de GNV.
L’approvisionnement n’est-il pas contraignant ?
Quand on a commencé en 2014, un peu. Mais depuis deux ans, il y a beaucoup plus de stations et GRDF nous les a toutes signalées, donc cela ne l’est plus du tout. Et je suis convaincu que dans dix ans, il y aura des stations gaz partout.
Qui vous a soutenu dans cette démarche ?
La Région Île-de-France et la Ville de Paris nous ont accordé une subvention. Avec GRDF, nous nous sommes tout simplement trouvé beaucoup de points communs ! Ils m’ont toujours conseillé et accompagné. Aujourd’hui, nous avons même un projet de cité organique en commun mais… je n’en dirai pas plus pour le moment !