La station d’avitaillement au GNV/BioGNV de Vaux-le-Pénil, en Seine-et-Marne, lors de son inauguration le 10 décembre 2021.
Crédit photo : Cédric Doux.

Pouvez-vous nous présenter vos organisations respectives ?
Olivier Gobaut : SDESM Énergies est une filiale du Syndicat départemental des Énergies de Seine-et-Marne, qui est l’autorité organisatrice du service public de la distribution d’énergie dans le département. Le SDESM représente 446 communes sur un territoire de plus de 755 000 habitants. Le Syndicat a créé SDESM Énergies pour porter les projets de production d’énergies renouvelables et le déploiement de stations d’avitaillement au GNV.
Charles Tartier : Le groupe Enel, auquel appartient Endesa, est le plus important investisseur au monde dans les énergies renouvelables, avec un chiffre d’affaires 80 milliards d’euros. En France, la structure d’Endesa est à taille plus humaine, avec 80 collaborateurs. Son activité historique dans l’Hexagone est la fourniture d’énergie à des grands comptes (environ 12 TWh en 2021). En parallèle, nous avons une « business unit » qui construit et exploite des stations BioGNV. En 2022, nous allons arriver à une vingtaine de stations publiques et privées en exploitation.
Quelle est votre stratégie de déploiement de l’offre d’avitaillement mobilité propre et plus particulièrement au Gaz Naturel Véhicule (GNV) ?
Charles Tartier : Endesa met l’accent en particulier sur le développement BioGNV en Île-de-France. En effet, au 1er janvier 2024, plus aucun diesel ne pourra circuler sur la zone à faibles émissions (ZFE) du Grand Paris, c’est à dire à l’intérieur de l’A 86, avec l’interdiction des Crit’Air 2. Pour faire face à cela, le consommateur va avoir besoin d’accéder aux stations d’avitaillement adaptées à ces obligations. Afin de lui faciliter cet accès, nous avons en Île-de-France 8 stations opérationnelles ou en cours de construction et de nombreuses stations en projet. La station de Vaux-le-Pénil vient renforcer le maillage de nos stations le long de l’A 5 et plus généralement dans le sud-est francilien. En effet, nous exploitons déjà des stations à Wissous (91), Bonneuil-sur-Marne (94) et Marolles-sur-Seine (77), en plus de stations privées du côté de Champigny (94). Parallèlement, Endesa a contractualisé avec 5 unités de méthanisation en Seine-et-Marne. Un département pionnier en matière de transition énergétique, que ce soit via le biométhane aujourd’hui ou à travers la distribution de carburant demain.
Olivier Gobaut : Nous sommes sur un territoire qui présente beaucoup d’opportunités de déploiement de stations d’avitaillement au GNV et où une offre privée se déploie assez largement. Nous n’avons pas voulu déployer une approche qui consisterait à cartographier ce territoire et poser nos stations à droite à gauche mais souhaitons développer nos stations en tirant profit d’opportunités ponctuelles et locales. C’est ce qui s’est passé pour nos deux premières stations actuellement en service. Nous évaluons ces opportunités locales sur la base de trois critères : le foncier, la présence d’une clientèle potentielle (zone d’activité logistique, flottes captives) et l’existence d’un réseau de gaz à proximité.
Comment se sont opérés le choix de cet emplacement et la relation avec la municipalité de Vaux-le-Pénil ?
Charles Tartier : Ce projet a été mené en partenariat avec le SDESM et le SMITOM-LOMBRIC, le syndicat de collecte et de traitement des ordures ménagères, qui va être l’un des plus importants consommateurs finaux sur cette station. La municipalité de Vaux-le-Pénil a vu clairement l’intérêt d’installer une station d’avitaillement GNV/BioGNV sur son territoire et s’est révélée aidante et disponible dès la phase d’instruction du dossier. Dès le départ, nous avons mis en connexion les différentes parties prenantes, donnant au projet une ampleur territoriale. Ainsi, il nous a semblé pertinent de contractualiser en parallèle avec le méthaniseur Bi-Métha 77, situé à Dammarie-les-Lys et dont le SDESM est actionnaire, afin de faire profiter aux acteurs économiques locaux de cette énergie produite localement et de la distribuer également à l’échelon local afin que les acteurs du territoire en tirent profit. La station de Vaux-le-Pénil dispose de 3 pistes d’avitaillement et de 5 distributeurs (NGV1 et NGV2), avec une capacité d’avitaillement annuel de 60 à 100 poids lourds.
Olivier Gobaut : Nous avons été interrogés par le SMITOM-LOMBRIC, qui souhaitait utiliser le GNV/BioGNV pour la collecte des déchets et mettre en place des stations dans cette perspective. Nous avons conclu une convention avec lui pour implanter une station à proximité de son usine d’incinération. De son côté, le SMITOM-LOMBRIC s’est engagé à baser le déploiement de sa flotte de bennes à ordures ménagères autour du GNV en tant que carburant. GRDF est également partenaire de la station de Vaux-le-Pénil pour le raccordement à son réseau. Cette station est ouverte aux autres flottes que celle du SMITOM-LOMBRIC.
Quels sont vos objectifs de déploiement de stations GNV/BioGNV sur le département de la Seine-et-Marne ?
Olivier Gobaut : La station de Vaux-le-Pénil constitue notre 2e projet de station GNV/BioGNV en Seine-et-Marne. Nous étudions déjà la mise en place de deux stations supplémentaires et une dizaine de stations sont en développement. Si l’on se réfère à l’étude de potentiel réalisée par le Département, une trentaine de stations supplémentaires pourraient être créées à l’horizon 2035.
Charles Tartier : Fort de son expertise puissante en matière d’énergies renouvelables, Endesa a pour objectif de contribuer à décarboner les activités économiques. Sur la partie mobilité en particulier, nous souhaitons aider les acteurs économiques à passer au BioGNV, dont les émissions de CO2 sont de 80 % inférieures à celles du diesel. Dans cette perspective, notre objectif est de faire monter à 30 % la part du BioGNV dans le GNV en 2022 dans nos installations et de monter ensuite cette part de 10 % chaque année pour arriver à 100 % de BioGNV avant 2030. Nous souhaitons créer une quarantaine de stations BioGNV en France à l’horizon 2025.

Crédit photo : Cédric Doux.
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