Se déplacer à moindre coût et en polluant en moins est-il encore possible ? Pour David Belliard, la question est plutôt de savoir comment le faire. Face aux enjeux majeurs du dérèglement climatique, de la pollution de l’air et de la pollution sonore, l’adjoint au maire de Paris a expliqué qu’« il est urgent d’aller vers un autre modèle de mobilité et de sortir de la logique du tout automobile ». En effet, une voiture est un bien très onéreux, qui requiert, selon lui, des investissements énormes sur les infrastructures, lesquelles conduisent à une artificialisation des sols et à des externalités négatives assumées par la collectivité.
Pourtant, dans les milieux urbains, des alternatives existent. Il y a d’abord la marche. Premier mode de transport des Parisiens, elle représente 40 % des déplacements, précisait David Belliard. Il y a aussi bien sûr le vélo et les transports en commun. « La question des transports en commun est centrale, elle est un pilier sur lequel nous devons investir, estimait-il. Nous connaissons les solutions, mais nous investissons encore trop massivement dans un système ni socialement tenable, ni environnementalement acceptable. Nous pouvons aller vers un mix plus équilibré en renouvelant les usages de l’automobile avec le covoiturage et l’autopartage, qui sont des pistes crédibles. De même dans les milieux ruraux et les campagnes, où les alternatives ont été appauvries au fil des décennies : il n’y a pas le choix que d’utiliser la voiture ! »
De son côté, Bertrand de Singly a reconnu que le pays n’a pas encore pris le virage des mobilités sobres. Le directeur Clients Territoires Île-de-France de GRDF a toutefois rappelé que le BioGNV, le gaz pour véhicule d’origine renouvelable, produit deux fois moins de bruits qu’un véhicule thermique. Plus encore, « selon l’étude Airparif 2021, un véhicule GNV/BioGNV produit 30 fois moins d’émissions de CO2 qu’un véhicule diesel Euro 4 » expliquait-il.
De son côté, Isabelle Patrier a soulevé la question de l’électrique et de la construction d’une giga-factory par TotalEnergies. Celle-ci consistera à équiper 2,5 millions de véhicules avec une batterie. « Très logiquement, nous pensons aussi à l’aval de la chaîne de valeur qu’est le déploiement de bornes de recharge qui permettent d’apporter une énergie décarbonée au public », ajoutait-elle.

Des transports en commun encore plus durables
Si la place de l’automobile reste un sujet ouvert, en revanche, tous les intervenants rejoignent la position de Sophie Mazoué, responsable du Développement Durable du Groupe RATP, qui a avancé que « les transports publics répondent le mieux à la problématique de la transition climatique et de la consommation d’énergie ». « En effet, par personne, le métro requiert 8 à 10 fois moins d’énergie qu’une voiture et produit 50 % d’émissions de CO2 en moins, précisait-elle. Aussi, nous voulons contribuer à une ville bas carbone en divisant par deux nos émissions de CO2 d’ici 2025, et notamment par la conversion de nos bus à l’électrique et au BioGNV. Ainsi, nous réduirons de 80 % nos émissions de CO2 sur nos bus, qui représentent 70 % de nos émissions totales. » Une position confortée par Bertrand de Singly, qui s’est réjoui que trois quarts des bus Île-de-France Mobilités rouleront au BioGNV d’ici à 2029, faisant de l’Île-de-France une région à la mobilité particulièrement propre et vertueuse.
La question des transports en commun amène à poser celle des modes de transports de masse efficaces, qu’il s’agisse de voyageurs ou de marchandises. Dans le contexte de la Zone à Faibles Émissions du Grand Paris, le rôle du fluvial devient un sujet crucial. Isabelle Patrier a expliqué qu’il faut envisager que le transport maritime puisse devenir « un transport commun entre Le Havre, Rouen et Paris », ajoutant que, depuis cet été, « des bateaux avec des moteurs électriques naviguent sur la Seine ». Une première initiative qui n’est pas sans rappeler les projets fluviaux au BioGNV soutenus par GRDF. Ceux-ci consistent à remotoriser 150 bateaux au BioGNV et à expérimenter une technologie d’hybridation électrique-BioGNV pour le transport fluvial de marchandises. Comme pour les mobilités logistiques sur terre, le BioGNV offre une réduction de 90 % des émissions de CO2 et de 98 % les émissions de particules fines (NOx), comparées à une motorisation au diesel.
Le mix énergétique est l’avenir des mobilités
« Il n’y a pas une solution unique : ce qu’il faut, c’est un mix d’usages et d’énergies, du BioGNV à l’hydrogène, en passant par l’électrique », selon Isabelle Patrier. Il devient nécessaire de travailler à une adaptation des usages et à leur décarbonation en proposant des alternatives. « Il n’existe pas de solution idéale, car tout est dans le mix, le choix et la capacité à produire des alternatives », a aussi souligné David Belliard. Pour Sophie Mazoué, « les exigences des voyageurs ont changé, ils cherchent à allier des mobilités lourdes et des mobilités légères. L’augmentation de l’offre et de sa diversité fait partie de nos objectifs à terme, en développant la multimodalité et l’intermodalité. » En effet, les trajets sont plus complexes qu’il y a vingt ans et il est nécessaire de combiner plusieurs offres, en fonction du lieu de vie. Il faut réussir à la fois à réduire l’impact carbone sur nos déplacements et à gagner en qualité de vie.
Pour une mobilité adaptée aux défis du 21e siècle, le mix énergétique et l’utilisation de carburants alternatifs se positionnement donc comme des solutions vertueuses. « C’est une question complexe aux réponses complexes, mais nous avons déjà les solutions et nous sommes en train de les développer. Il faut maintenant aller plus loin et de manière plus volontariste sur un nouveau mix de mobilité, notamment pour la Métropole du Grand Paris », a conclu David Belliard.