Pouvez-vous nous présenter Green Creative ?
Avec mon associé Rémi Gomez, nous avons créé Green Creative en 2010. Nous sommes tous deux ingénieurs des Arts et Métiers passionnés de mécanique industrielle et d’innovation et notre souhait était de fabriquer une nouvelle génération d’équipements au service d’une meilleure valorisation des déchets. Nous avons centré notre activité sur un produit : Flexidry. Il s’agit d’une technologie de déconditionnement permettant de valoriser les biodéchets en ressources. Nos ateliers de production sont installés à Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne pour une fabrication 100 % française. Aujourd’hui, Green Creative c’est 20 salariés, 4 M€ de chiffre d’affaires et plus de 50 machines commercialisées en France et en Europe.
En quoi consiste le procédé Flexidry ?
La technologie Flexidry consiste à séparer les biodéchets, les contenus de leur contenant, sans broyage et sans eau et ce quelle que soit la typologie d’emballage et d’organique. Il s’agit d’une technologie inédite permettant aux biodéchets d’être transformés en bioressources, sous la forme d’une soupe organique dont la qualité est inégalée sur le marché. C’est vraiment ce qui fait l’ADN de Green Creative : être les garants d’une qualité optimale de matière organique. Cette pureté de soupe est la clé d’un meilleur pouvoir méthanogène pour la production de biogaz, et surtout d’un retour au sol vertueux sous forme de digestat ou de compost.
« Flexidry est une solution de valorisation des biodéchets innovante au service de l’économie circulaire. »
Lucile Noury, co-fondatrice de Green Creative
Qui sont vos clients ?
Nous avons quatre typologies de clientèle : les méthaniseurs, (nos principaux clients, souvent des agriculteurs), des prestataires de déchets, des composteurs et des collectivités territoriales. Nous avons pour ambition de continuer à être leader sur la partie méthanisation, mais aussi de développer nos parts de marché auprès des prestataires déchets. Notre technologie Flexidry répond autant à leurs préoccupations liées au débit qu’à leurs exigences de qualité. Les collectivités, quant à elles, représentent pour nous un marché nouveau qui prendra le temps de se développer.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples de réalisations sur l’Île-de-France ?
Bien sûr. En 2022 et 2023 nous avons installé deux sites en région parisienne. L’un était auprès de Moulinot, une très belle installation au sud de Paris, et l’autre a été mise en place auprès de la société Les Gloutons en Seine-et-Marne. Cette société créée en 2022 par des agriculteurs apporte, pour les biodéchets, une prestation complète : déconditionnement, hygiénisation et traitement en méthanisation avec production de biométhane et de digestat.
Selon vous, quels sont les enjeux de la méthanisation pour valoriser les biodéchets en gaz vert ?
Il est clair que le gisement est énorme, étant donné que la grande majorité des particuliers comme des professionnels devraient traiter leurs biodéchets mais ne le font pas pour l’instant. C’est dû en bonne partie au coût de traitement de ces déchets. Celui-ci doit pouvoir se situer à un prix abordable. On note toutefois que la TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes) a augmenté pour les déchets traités en enfouissement et en incinération, les hissant à un niveau équivalent au coût de traitement des biodéchets par déconditionnement et méthanisation, ce qui a permis de faire avancer la filière biodéchets.
Vous organisez régulièrement des webinars, dont l’un le 19 juin 2023. Quel en est le sujet ?
Nous avons lancé ces webinars au moment du Covid. Ce sont des sessions trimestrielles de formation qui durent 30 minutes et qui abordent à chaque fois une problématique différente de la filière au cours d’un échange très ouvert. L’idée est de faire en sorte que toute personne se lançant sur ce sujet des biodéchets puisse bénéficier d’informations et de bonnes pratiques de la part d’acteurs ayant déjà intégré la filière. Le webinar du 19 juin porte sur la démarche de méthanisation des collectivités. Outre le témoignage de Laëtitia Aubeut, chargée de développement biométhane sur les marchés STEP-Biodéchet-ISDND chez GRDF et qui connaît bien ce sujet, nous aurons celui d’un président de syndicat intercommunal qui traite les déchets pour le compte de ses collectivités adhérentes et qui a choisi de mettre en place une plateforme de déconditionnement, avec une forte sensibilisation sur la qualité de la soupe. À moins de six mois de l’entrée en vigueur de l’obligation de trier à la source les biodéchets, ces témoignages sont essentiels. Cette question devient urgente.
